Interview de Wax Tailor

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En l’espace de 3 ans, le jeune producteur normand Wax Tailor s’est hissé parmi les valeurs sûres de la scène electro hip hop française ! Son nouvel album ‘Hope and Sorrow’ est sorti début avril chez Atmosphériques. Un disque riche, glanant des influences soul, funk et cinématographiques… pour le bonheur de tous ! Il suffit de voir lors de ses concerts, la foule bigarrée qui compose son public… JC Le Saout sait très bien s’entouré, il est devenu le chouchou des programmateurs et se voit l’honneur de mixer lors des 60 ans du festival de Cannes… Qui dit mieux ! Nous l’avons rencontré…

1 mois après la sortie de ton deuxième LP ‘Hope & Sorrow’, ça se passe plutôt bien pour toi ?

Oui je crois qu’on peut dire ça comme ça. Ces deux dernières années ont été extrêmement chargées et j’ai beaucoup travaillé sur ce disque donc je n’en suis que plus satisfait des retours, mais je crois qu’au-delà des ventes de disques et des retours presse et radio c’est à travers la tournée que je réalise les choses et voir autant de monde sur chaque date redonne de l’énergie.

2. Peux tu nous parler de ta façon de travailler : comment tu composes tes morceaux, ta base de données (tous ces samples de dialogues de films, de sons…), si tu composes a partir d’une mélodie existante, d’un sample ou tu as d’abord en tête ton propre morceau ?

En fait il n’y a pas de règle absolue mais disons que très souvent je commence avec une programmation rythmique. Pour moi la batterie est vraiment très importante dans un morceau c’est un peu une colonne vertébrale, ensuite je compose une ligne de basse mais bien souvent elle disparaît ou change quand je commence à composer une mélodie ou à assembler des samples. D’ailleurs la batterie aussi je la remodifie souvent par la suite en fonction de l’évolution du titre. Parfois je pars juste d’un petit élément un son, un gimmick ou juste une voix qui m’inspire et me donne une direction pour la suite. Quel que soit le point de départ la récurrence c’est la recherche de sons, de textures.

3. Parlons un peu de tes rencontres. D’abord celles qui forment le noyau dur de Wax Tailor : Charlotte Savary (voix), Marina Quaisse (violoncelle), la petite dernière Marine Thibaut (flûte) à l’enthousiasme débordant, enfin Laurent Collat qui a mixé l’album ! Vous vous êtes rencontrés comment ?

Je travaille avec Marina depuis le début du projet, j’ai eu l’occasion de faire une session studio avec elle en 2002 et j’ai tout de suite accroché, du coup nous avons renouvelé l’expérience et je lui ai dès le début proposé de m’accompagner sur scène. Charlotte je l’ai rencontré en 2003 lorsqu’elle enregistré l’album de CLOVER donc Laurent COLLAT était le réalisateur. Idem j’ai tout de suite accroché on a enregistré un titre sur mon premier EP, puis Our dance sur le premier album. Niveau live je lui ai proposé d’intervenir sur notre premier concert en featuring, puis sur le second et assez vite sa présence nous a semblé évidente. Laurent COLLAT je le connais depuis 12 ans, nous sommes tous deux vernonnais. Je travaille avec lui depuis plus de 10 ans. A l’époque je n’avais pas de studio et j’enregistrai des titres dans le sien. Sur le projet WAX TAILOR je lui ai confié le mix. Ca n’est pas forcément évident dans la mesure où j’ai une idée très arrêtée de ce que je veux. Je lui amène des projets avec les pistes pré-mixées, des panoramiques, des traitements… Ca ne laisse donc pas une grosse marge de manœuvre mais je trouve que cela fonctionne bien il finalise certains rapports de fréquences et pour les prises acoustiques il fait une jolie cuisine.

4. Et puis il y a les guests !!! Le Hip hop de The Others ou les fougueux State Of Mind, Voice et Ursula Rucker, véritables reines du featuring international et Sharon Jones, nouvelle déesse du soul-funk ! Comment un jeune producteur normand a pu s’offrir un ‘parterre’ aussi prestigieux ?

THE OTHERS je les ai rencontré en 2004 quand je préparais « Tales of… ». J’ai tout de suite eu un vrai feeling avec eux qui va bien au-delà du rapport artistique, je pense qu’on a la même vision du hip hop. C’est un peu la même chose avec ASM, j’aime leur démarche , ils se structurent n’attendent rien d’une maison de disque, montent des soirées, des émissions, bref de vrais indés dans l’âme. Ils m’ont contacté alors que j’étais en tournée et quand j’ai commencé à travailler sur le titre « Positively inclined » j’ai tout de suite pensé à eux. Ursula RUCKER le contact c’est fait via mon label aux Etats-Unis. J’ai commencé à composer le titre avec la petite phrase des WATTS PROPHETS et je me suis dit que ce titre se ferait avec elle où serait instrumental. Finalement elle m’a répondu en 24h et elle a été formidable. Nous avons longuement discuté sur ce titre, elle s’est vraiment investie et je suis très fier d’avoir collaboré avec cette grande dame à la scène comme à la ville. Pour Sharon Jones ça a d’abord été une rencontre scénique, son live est certainement un des trucs les plus forts que j’ai vu depuis très longtemps. Pour moi elle incarne l’esprit soul/funk à la JB’s et je voulais produire un titre dans cet esprit tout en gardant une programmation plus urbaine. C’était une chouette expérience, écrire une mélodie vocale en se disant que c’est Sharon Jones qui va l’interpréter ça pousse à se projeter différemment. Enfin VOICE, pour moi c’est la plus grande rappeuse depuis BAHAMADIA et j’avais très très envie de collaborer avec elle. THE GAMES YOU PLAY est venu différemment des autres titres, je me suis réveillé avec tout en tête donc j’ai couché la mélodie et les arrangements avec des sons provisoires ce que je ne fais presque jamais. Je lui envoyé la démo et elle a accepté d’enregistré le titre en l’état en me faisant confiance. Ensuite j’ai beaucoup travaillé sur le son du titre, j’ai confié les prises guitares et basse à Benjamin Bouton (compositeur de DAJLA) qui a également fait un joli travail

5. Tu fais figure du renouveau trip hop français (même si je sais que tu n’apprécies guère les étiquettes) et de toute la scène abstract cinématique, tu es d’ailleurs remixé par Daedelus ou General Electrik. Maintenant peut on envisager des remixes ‘house’ ou ‘drum ‘n’ bass’ ? Le morceau ‘We Be’ avec Ursula Rucker est magnifique et je me disais que des remixes par Blaze ou King Britt (avec lequel Ursula a bossé) seraient top ! Tu serais ouvert à de telles propositions ?

Je suis ouvert à tout à partir du moment où les choses me semblent pertinentes. En clair le remix dancefloor d’un titre juste pour rentrer en club ça ne m’intéresse pas par contre quand les choses sont bien faites je n’ai pas de souci. Par exemple DAEDELUS a prit beaucoup de liberté par rapport au titre original mais c’est pertinent. Pour « We be » je serai assez curieux de voir ce que cela pourrait donner, en l’état c’est peut être le titre que j’ai le plus de mal à imaginer remixé.

6. Ton live est bien rodé maintenant. Celui au Nouveau Casino le 2 mai dernier a conquis le public venu nombreux. A l’écran beaucoup d’images d’archives (films, cartoons, documentaires dont celui qui explique la fabrication d’un disque vinyle !), ce sont tes choix ?

Oui ce sont mes choix, en fait je cherchais une réponse au son en terme d’image et le sampling vidéo m’a semblé évident. A cela il faut rajouter le travail des réalisateurs Seamus HALEY, Laurent KING et Ugo ARCIER avec lesquels j’ai collaboré sur 3 clips.

7. Ton univers musical imprégné de musiques de films, la présence de gens du cinéma au Nouveau Casino augure t’elle une nouvelle direction pour Wax Tailor, celui de compositeur de musiques de films ?

Je suis pas mal sollicité pour faire des musiques de films. J’ai d’ailleurs réalisé la musique d’un film documentaire « Voyage au Tibet interdit » en 2005. C’est une expérience intéressante et assez différente de mon travail personnel. Je pense que je m’y essaierai quand tous les ingrédients seront réunis pour faire quelque chose de bien.

8. … le Festival de Cannes… tu veux en parler ?

J’y pars demain pour un mix son et image en clôture de la soirée anniversaire du festival. C’est assez étrange je crois que je ne réalise pas bien mais en tout cas c’est une opportunité.

9. Pour conclure, qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?

Beaucoup de choses comme d’habitude, mais si je devais retenir deux je dirai Speech DEFECT et le dernier CINEMATIC ORCHESTRA

Barney

De sa Normandie natale, Barney taquine les platines depuis une quinzaine d’années. Il a pris de plein fouet l’avènement de la techno et de la house dès la fin des 80’s. Influencé par tous les grands protagonistes du genre (Derrick May, Kevin Saunderson, UR, MAW...), il se prend un claque à l’écoute de Radio Nova à la grande époque des Novamix ! Il jubile sur les sons de Laurent Garnier, Loïc Dury, Gilb’r, Dimitri From Paris, Dee Nasty, Lord Zelko, Volta... Mais c’est Gilles Peterson et son ‘Worldwide’ qui va faire effet de détonateur sur le DJ normand dans la façon de penser ses sets, façon ‘selecter’. Pouvoir mixer de la deep-house avec un classique rare-groove, de la drum&bass ou enchaîner sur du jazz abstrait... Liberté d’action, mais aussi le besoin de faire découvrir tous ces sons. Côtoyant les producteurs Wax Tailor et Laurent Collat (de Vernon comme Barney), il continu d’engranger du vinyles... Après avoir chroniqués des disques pour Only for DJs pendant 10 ans et diverses ’résidences’ de DJ Selector sur Evreux ou Vernon, Barney est aujourd’hui résident au Shari-Vari (Bar-Concert situé à Rouen) pour les session ELECTRO LIBRE. Une déclinaison est en préparation au Point-Bar de Vernon.

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