Jazz Al Dente : jazz et recettes de cuisines transalpines
« Jazz Al Dente » est le premier album de Jazz Italien proposant en second CD (et livret) des recettes de cuisine des musiciens.
Le CD de reprises et compositions de Jazz proprement dit commence très fort avec le guitariste Alessandro Magnanini accompagnant sur des cordes grovvy la chanteuse Jenny B qui mériterait de figurer sur la BO d’un James Bond made in Italy période Sean Connery style « Goldfinger »!
JAZZ AL DENTE
Le trompettiste Fabrizio Bosso dédie à Dizzy Gillespie un bon « Dizzy’s Blues » Bop proche de Diz dans l’aigu avec le trompettiste Marco Tamburini citant Clifford Brown et le Max Roach Quintet dans « Parisian Thoroughfare » de Bud Powell avec de bons unissons des souffleurs avec le saxophone sur une efficace section rythmique.
Le chanteur bien connu Gianmaria Testa et le trompettiste Paolo Fresu accompagné de son quintet et de Philippe Garcia à la batterie improvisent un Blues en Italien sur la base d’ « A St Germain Des Près » de Léo Ferré en citant « Straight No Chaser » de Thelonious Monk. Le batteur Lorenzo Tucci reprend « Wintersong » de John Surman dans un Hard Bop Funky irrésistible à l’énergie drum’n’bass dans ses roulements sur un fender rhodes grrovy à la Herbie Hancock.
Le duo qui monte Musica Nuda (Petra Magoni au chant et Ferrucio Spinetti à la contrebasse) égrène et alterne avec humour cordes vocales et basses sur un groove acoustique et naturel.
Paolo Frèsu offre, à la tête de son propre Quintet, « Nucleo », paru dans son premier album sous son propre label TUK MUSIC chroniqué dans ces colonnes très Cool et loungy avec la mer du fender rhodes bien calé entre la basse et la mrée fluctuante de la batterie.
Le guitariste et chanteur Joe Barbièri excelle dans la guitare bègue et le chant parlé/chanté/ susurré propre à la Bossa Nova de João Gilberto sur le fil de l’émotion dans « Tacare Parlare » sur un bel arrangement de cordes de plus en plus électrique.
Giovanni Ceccarelli (fils de Didier ?) et Patrick Goraguer (fils d’Alain ?) tissent en trio un ciel changeant dans «The Ever-changing Sky » sur l’archet baroque de Chris Jennings, de plus en plus tourmenté par la batterie drum’n’bass avec une belle progression sans perdre le fil puis revenant au thème.
Max Zanotti chante « My Favourite Things », à la David Linx puis d’une voix de plus en plus cassée tourmentée pop ou Rock à la Tom Waits, la rendant de plus en plus surprenante.
Dans «Carta o Contanti », le Gnu Quartet s’en va chasser les Gnous et la Gnouveauté au lasso de cordes baroques (violoncelle, violons) et d’une flûte Afro-60ies dans un esprit bousculant avec bonne humeur les frontières musicales entre musique Irlandaise, classique et Jazz.
Le saxophoniste Raffaele Casarano (produit par Frèsu sur son label, album chroniqué dans ces colonnes) use d’effets cool à la Truffaz ou Molvaer pour accompagner à la Jan Garbarek la jolie voix bouleversante entre Jazz et ethnique de Carla Cassarano dans « Da Lontano » en version acoustique.
Le pianiste Fedreghini accompagne le batteur et chanteur crooner sur son « Mouvin’ On » sur de bonnes cordes et section de cuivres funkys à l’unisson et une touche de percussions latines. Dans U, le claviériste Don Freeman énonce pêle-mêle avec engagement et gourmandise des artistes musiciens, peintres, cinéastes et personnalités qu’il admire avec un côté spoken word très poétique accompagné par The Dining Rooms.
Enfin, « Il Confino », aux confins de l’électronique, de la voix et de la guitare bluesy de Festo Mesolella, termine en beauté ce premier disque qui confirme le talent et la vitalité, l’ubiquité de la scène Italienne…
J’avoue qu’avant de l’écouter, j’attendais moins du second disque de recettes lues par ces musiciens, recettes de pâtes pour la plupart. Mais si je ne comprends l’Italien, cette langue sera pour moi toujours pour moi l’une des plus musicales, aussi belle quoiqu’elle dise et lirait t elle même le bottin (si c’est celui de La Botte), ce serait encore beau comme un film de Fellini en VO.
Mais les recettes des musiciens sont encore de la musique : électro minimaliste pour Fausto Masolella (sur chaque disque, en chanson cachée sur le premier qu’il termine), accompagnée de « My Favourite Things » de Coltrane dans la cuisine de Raffaele Casarano, et la lecture de chaque recette est presque accompagnée musicalement : amusante à deux voix chantant/parlant pour Musica Nuda, Rock electro inquiétant Spoken Word pour The Dining Rooms, chantée / jouée bossa par Joe Barbieri, recette Bolognaise de pâte aux poissons sans trompette pour Paolo Frèsu (dont on a pas l’habitude d’entendre la voix), Jam internationale festive de basse cour en maison de fous pour Gnu Quarte (difficile de ne pas vérifier dans le livret où les recettes sont traduites ce qu’ils disent tant ils délirent) entre salsa, Orient et flamenco pour Gnu Quartet, Zanotti loungy sur ce qui ferait une bonne musique de films, Fedreghini usant d’un comique ambulatoire à la Nino Rotta, Lorenzo Tucci sur un bon accordéon en tarentelle, Ceccarelli sans accompagnement, Magnanini sur un bon twist electro en boucle avec breaks, Bosso sur une bonne version de « Do You Know What It Means To Miss New Orleans », et Testa sans accompagnement dans une recette du pauvre de gnocchis sur salade de chou vert de saison.
Mais passez quand même chez votre épicier italien avec le livret de recettes du disque : les ingrédients de ces recettes ne se trouvent pas forcément dans toutes les cuisines!
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